La traduction littérale de « carrou » [K a R u] est ‘charrette’. C’était le moyen de déplacement privilégié des familles gitanes pour aller d’un endroit à un autre, se déplacer de ferme en ferme, de ville en ville, pour chiner, ou accomplir les travaux saisonniers. Avec la sédentarisation, la charrette a été remplacée par une maison. Cette maison a conservé exactement la même fonction que celle qu’avait la charrette lors des déplacements.
Le carrou remplit une fonction précise. Il sert à nourrir la famille élargie, « à protéger » les plus jeunes, mais il est surtout l’endroit à l’intérieur duquel se déroule la majeure partie des pratiques gitanes, pour ne pas dire les plus essentielles sur le plan identitaire (les demandes en mariages, les fiançailles, les veillées, etc). Les jeunes mariés s’installeront autour de lui, dans un périmètre très proche afin de pouvoir passer tous les jours dans le carrou familial pour y prendre un repas avec les anciens, converser des choses de la vie, prendre des nouvelles.
On peut voir le carrou comme un endroit où sont à la fois réunis des biens matériels et immatériels. Il est simultanément défini par ses fonctions et par ses habitants. C’est l’agora dans la culture gitane.
L’association « K a R u prod » place au centre de ses préoccupations la question des droits culturels et notamment la valorisation du patrimoine immatériel. Elle s’est donné pour objet :
• de développer des actions en vue de demander une inscription de la rumba catalane sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Unesco;
• de mettre en compréhension, de promouvoir et de valoriser les expressions artistiques et culturelles dont la rumba catalane;
• d’organiser et/ou de participer à toute action favorisant l’objet associatif ci-dessus sur le territoire national et international notamment transfrontalier (France, Andorre, Espagne).